En 1989, un collègue de bureau me propose de lui acheter un Honda CB550K3 qu'il est en train de finir de refaire.
Ce n'est pas sa première restauration, et comme toujours dans le cas de motos un peu anciennes, il en a fallu plusieurs pour en faire une, ce qui m'assure un stock de pièces appréciable en cas de soucis.
En fait de soucis, ceux cis ne vont pas tarder à arriver, puisque moins de deux mois après l'avoir achetée, elle va me lâcher très durement en passant une bielle à travers le carter !
C'est sur l'autoroute, alors que je roule tranquilement à une allure déraisonnable aux yeux de ceux qui nous gouvernent, qu'une vibration dans toute la moto apparait soudainement, puis s'amplifie très rapidement.
J'ai à peine le temps de couper les gaz, qu'un énorme choc dans toute la moto, assorti d'un bruit impressionnant, me fait comprendre que c'est grave.
Tout de suite après, je sens que la roue arrière ne tourne plus, mais qu'elle est bloquée.
La moto continue sur sa lancée, la roue avant tournant, l'arrière glissant, et la moto se mettant tout doucement en crabe...
Ce que je ne sais pas alors, c'est qu'une bielle a traversé le carter, que le moteur a biensur perdu toute son huile, imbibant le pneu de la roue arrière, et promettant par là même une glissade plus longue que ce que je n'espère, puisque je pense à ce moment là que le pneu finira par freiner la moto et l'arrêter.
Voyant que la moto ne ralentit pas, et que l'angle de la marche en crabe ne fait que s'accroitre, j'ai peur d'arriver en butée de guidon (la roue avant devant rester droite, je compense en braquant au fùr et à mesure).
J'attrape donc l'embrayage pour tenter de libérer la roue, ce qui se produit, provoquant une reprise d'adhérence immédiate de la roue arrière, un coup de raquette monumental, et une partie de rodéo dont je ne sais toujours pas comment je me suis sorti...
Tout ça n'a pris en tout que quelques secondes, et il faut croire que tout ce qu'on raconte sur les propriétés de l'adrénaline est vrai, pour que je m'en sois sorti sans gamelle, et que je me souvienne de tout ça avec autant de précision...
Le reste est une histoire classique de motard en panne, assisté par d'autres motards, l'un donnant une sangle, l'autre me remorquant jusque chez moi...
J'en serai quitte pour une des plus grosses chaleurs de ma vie !
Lors du démontage de l'épave, je constaterai qu'un des deux écrou du chapeau de la bielle fautive s'était désserré, entrainant avec les vibrations la suite de la catastrophe.
Les carters, carrément déchirés au niveau du plan de joint, n'étant pas réparables, je désosserai l'épave et vendrai les pièces au détail, ce qui finira par me rembourser l'achat de la moto !
Je me rendrai également compte, au moment de la vente des pièces, que le bruit sympathique du quatre en un Devil était dû à la transformation des chicannes en poussière de rouille...
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