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Vitesse et prévention routière...

09/12/1997

A l'heure où le gouvernement prend de nouvelles mesures destinées à diminuer les problèmes de sécurité routière, je ne peux m'empêcher d'être en colère et de pousser un coup de gueule...

Une fois de plus, le bouc émissaire est immédiatement désigné et montré du doigt : La vitesse... C'est la vitesse la seule responsable de tous nos maux, de tous nos morts, de toutes les catastrophes routières !... Comme si la multiplicité des composantes qui font qu'on se trouve à un instant donné en sécurité ou en danger n'existait pas...

"Jusqu'à quelle vitesse un pilote de formule un peut-il rouler en toute sécurité ?"

La question peut paraître saugrenue et ne rien avoir à faire dans ce débat. Les réponses qu'elle a d'ailleurs toutes les chances de provoquer sont "ça n'a rien à voir", immédiatement suivie de "les conditions sont complêtement différentes, et il faut comparer ce qui est comparable...". Il serait évidemment stupide de comparer les conditions de roulage d'un expert en pilotage, au volant de ce que la technologie à de mieux à proposer, le tout sur un circuit présentant des conditions de sécurité passive quasi idéales, avec l'automobiliste moyen... Cette question et ses réponses probables n'ont d'ailleurs d'autre but que celui de mettre en évidence le fait que la vitesse, sortie d'un contexte donné, n'est pas significative de grand-chose...

Une vitesse peut être jugée dangereuse, et donc excessive ; Mais uniquement dans une situation précise. En aucun cas dans l'absolu...

La notion de sécurité routière ne peut, et ne doit, être envisagée que comme un tout : En matière de sécurité, que celle-ci soit routière ou pas, c'est toujours le maillon le plus faible qui compte ; Et ceux qui voudraient faire croire que seul un des maillons de la chaîne est important sont soit des naïfs, soit des menteurs...

Parmi les nombreux maillons de cette si fragile chaîne, on pourrait citer (mais la liste est très incomplète) :

  • L'éducation des conducteurs

    L'obtention du permis de conduire n'est à peu de choses près dépendante que d'une connaissance (relative) du code de la route, et de l'aptitude à rouler environ un quart d'heure sans bévue... Quid de la prévention ? Quid de la sensibilisation des futurs conducteurs aux conséquences éventuelles du non-respect des règles (et donc des autres usagers) ?

    Même si force est de reconnaitre que certains conducteurs sont "inéducables", cela n'empêche pas de le faire pour l'immense majorité restante...

  • Leur expérience de la conduite

    Je pense que tout le monde s'accordera avec moi sur le principe qu'un "jeune permis" (quel que soit l'age de son bénéficiaire) manque singulièrement d'expérience... Quelles sont les mesures prenant en compte ce fait ?

    Ce n'est pas un autocolant "A" à l'arrière du véhicule qui la lui prodiguera... Pas plus que la "conduite accompagnée" dont il aura peut-être eu la chance de bénéficier (qui garantit d'ailleurs la qualité de conducteur et la qualification pédagogique de l'accompagnant ?).

    A quand un permis auto limitant les catégories de véhicules accessibles aux jeunes permis (comme cela a été mis en place pour les motos) ?

    Roulant moi-même en moto depuis 1979 (ce qui ne fait pas de moi un expert en la matière, mais quand même...), je préfère ne pas m'étendre sur l'imbécilité d'une disposition consistant à rendre la conduite d'une moto (que celle-ci soit limitée en cylindrée et puissance ne change rien au problème) à tout possesseur du permis auto sans formation complémentaire !...

  • L'aptitude des conducteurs à conduire sur la voie publique

    Qui peut garantir qu'un conducteur un tant soit peu agé et ayant passé son permis de nombreuses années auparavant a conservé ses réflexes, sa vue, et s'est tenu au courant de l'évolution des règles de circulation ?...

    Que dire des voitures sans permis qui permettent justement, et ce en toute légalité, à toute personne reconnue incapable de conduire sur la voie publique (retrait ou non obtention du permis...) de continuer à le faire ?

  • L'état des véhicules

    C'est un des rares points sur lesquels la législation a été dans le bon sens avec le contrôle technique périodique obligatoire des véhicules.

    Mais peut-être vaut-il mieux ne pas trop se demander ce qu'il en aurait-il été si de forts (le mot est faible ?) enjeux économiques et une partie de l'industrie française n'avaient été mis dans la balance (qui a parlé de pressions ?) ?...

  • L'infrastructure routière (configuration et état de la chaussée, signalisation...)

    De nombreux maires et associations d'usagers de la route hurlent à la mort depuis des années pour dénoncer de réels "pièges" dont on sait qu'ils sont la cause de dizaines de morts ("rails-de-sécurité-guillotines-à-motards", N10...). Faudra-t-il attendre que la famille d'un élu en soit la victime (ce n'est bien évidemment pas un souhait) pour qu'ils soient enfin entendus ?

Je finis par me désespérer de voir un jour un gouvernement (et ce, de quelque courant politique qu'il puisse se réclamer) prendre le problème de la sécurité routière réellement au sérieux, et avoir le courage de prendre des mesures réellement efficaces, et différentes de la poudre aux yeux dont on nous abreuve en la matière depuis des années...




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